L’oeil de Fred : Retour sur la Route du Rhum – Destination Guadeloupe

En tant que membre de la cellule de routage de Thomas Coville, Frédéric Denis a suivi de très près la course des 8 Ultim engagés. En tant que skipper multi-support, il n’en a pas moins gardé un oeil, alerte et averti, sur les autres catégories. Au moment d’embarquer pour le convoyage retour du trimaran Sodebo, il nous dressait un premier bilan de la course.

La course des ULTIM : « Charles Caudrelier (Maxi Edmond de Rothschild) a été impressionnant, il a toujours été un cran au-dessus en vitesse. Il manoeuvres très vite, il génère très peu de perte. Gitana n’a pas volé sa victoire, ils ont confirmé leur statut de grand favori à bord de leur bateau qui a fait ses preuves depuis plusieurs saisons désormais.

Je retiens aussi le taux de réussite. La classe Ultim n’a déploré aucun abandon avec Banque Populaire qui est reparti après son avarie. Après avoir eu de gros soucis il y a quatre ans, la flotte envoie un message positif. C’est un vrai gage de confiance pour l’avenir. »

La course de Sodebo : « Nous avons eu droit à une très belle bataille à 3, devant, au contact, avec des écarts assez serrés. Nous avons tenté un coup aux Açores qui aurait pu payer, nous sommes contents de ne pas avoir été de simples suiveurs, d’avoir toujours été à l’attaque. Nous avons toujours été dans le match avec un bateau qui a eu pas mal de chemin à faire, les évolutions apportées vont donc dans le bon sens. Nous avons également eu très peu de soucis techniques, hormis un petit problème d’antenne satellite mais Thomas disposait du matériel de rechange et de réparation nécessaire. Le job de l’équipe a été bien fait, le bilan est très positif. »

La course des Ocean FIFTY : « Erwan Le Roux (Koesio) et Quentin Vlaminck (Arkema) nous ont offert un magnifique spectacle et nous ont tenus en haleine jusqu’à la fin pour la victoire à Pointe-à-Pitre. Ni l’un ni l’autre ne s’est économisé sur les empannages et les replacements. Il y a également eu d’autres jolis matchs à suivre sur l’ensemble de la flotte, c’était très sympa à regarder. »

La course des IMOCA : « Le couple Apivia/Charlie Dalin a de nouveau démontré son talent jusqu’à ce que Thomas Ruyant (LinkedOut) reprenne les commandes. On ne sait peut-être pas tout des soucis techniques mais ils ont été impériaux. Juste derrière, Jérémie Beyou (Charal) et Kévin Escoffier (Holcim – PRB) font une superbe course avec leurs bateaux neufs, Paul Meilhat a répondu présent malgré une préparation tardive, Maxime Sorel (V and B – Monbana – Mayenne) et Justine Mettraux (Teamwork) font aussi une très belle course… Le groupe leader se densifie, ça promet de belles bagarres !

Sans oublier Benjamin Dutreux (Guyot environnement – Water Family) qui, après un départ en demi-teinte, rattrape bien et n’a jamais cessé d’essayer de raccrocher le premier groupe. Benjamin Ferré (Monnoyeur-Duo for a Job) crée de nouveau la « surprise », Tanguy Le Turquais (Lazare) fait une course incroyable et mon pote Alan Roura (Hublot) continue d’attirer la molle.

Peu d’abandons également en IMOCA, aucun du côté des bateaux neufs. Hormis Initiatives-coeur et Malizia qui ont semble-t-il eu quelques pépins, ils ont tous bien marché, sont allés vite et ont fait preuve d’une certaine fiabilité. C’est un gage de constructions saines. »

La course des Class40 : « Ce fut une course très engagée jusqu’aux Açores, particulièrement pour des bateaux de 12 mètres. Ça se ressent sur le nombre important d’abandons dès les premiers jours, dans la plus grande proportion sur les 6 catégories engagées. Yoann Richomme  (Paprec Arkéa) a été impressionnant, en dépit de ses 4 heures de pénalité. Tout comme Ambrogio Beccaria (Allagrande Pirelli), qui a constamment joué aux avant-postes sur son bateau neuf mis à l’eau tardivement. Corentin Douguet (Queguiner-Innoveo) a déroulé sa course, pénalisé par des soucis d’énergie. Simon Koster (Banque du Léman) fait une super course malgré son budget « ric-rac », avec une très belle 4e place à la clé, fruit de beaucoup d’engagement personnel de sa part. Antoine Carpentier (Redman) est toujours bien placé, mais les Mach4 ont toujours un peu plus de mal dans le gros temps au près. Axel Trehin (Project Rescue Ocean) et Ian Lipinski (Crédit Mutuel) n’ont pas été épargnés par les problèmes techniques mais se sont accrochés, alors que Kito de Pavant (HB – Reforest’action) frôle le Top 10 avec son vieux bateau tuné. »


Son gain d’expérience personnel :
« Ce fut très enrichissant de travailler aux côtés des autres membres de la cellule de routage, de partager leur routine, leur vision. C’est un énorme atout pour moi en termes d’amélioration de mes compétences stratégiques.

La course en Class40, la catégorie que je vise pour l’édition 2026 s’est beaucoup jouée sur la vitesse. La flotte est finalement restée assez tassée, il n’y a pas tellement eu d’options radicales. Ce paramètre jouera forcément dans la conception de mon futur bateau et dans ma préparation aux courses. »