À Brest depuis la semaine dernière, pour le Village de départ de l’Arkea Ultim Challenge, course autour du monde, en solitaire, en trimaran géant, à laquelle prendra part Thomas Coville à bord du Maxi-Sodebo, Frédéric Denis est déjà dans l’ambiance et nous fait part de son regard sur cette grande première.
La Transat Jacques Vabre à peine terminée, le multicoque à peine rentré et le chantier de remise en état à peine déroulé que « Freddy » était déjà de retour sur l’eau pour convoyer le géant noir et vert, direction Brest. Un nouveau contre-la-montre du type de ceux dont le Team Sodebo sont désormais habitués ! « Nous avons effectué un gros chantier d’optimisation en 2023 avec une mise à l’eau tardive, mi-septembre, pour prendre le départ de la Transat Jacques Vabre un mois plus tard, rappelle Fred. Le résultat sportif est mitigé car le résultat obtenu n’était pas celui espéré (4e) mais la confrontation, qui reste le meilleur entraînement, fut très riche en enseignements. Cela nous a permis de valider la nouvelle configuration du bateau avant de s’attaquer à l’objectif principal : l’Arkea Ultim Challenge ». Car l’objectif ultime de l’écurie lorientaise est bel et bien là : faire partie de l’Histoire de la course au large en participant à ce nouvel événement. « Je navigue beaucoup sur ces bateaux, je sais qu’ils demandent une vigilance de tous les instants,souligne Fred. Ils vont très vite et nécessitent beaucoup de réglages entre les appendices et les voiles, il faut donc être dessus tout le temps. Cela demande un très haut niveau de concentration. Un tour du monde en solitaire sur ces machines est loin d’être une expérience anodine, l’aventure s’annonce passionnante à suivre et j’ai hâte de voir ce que cela va donner ! » Si les six marins engagés parvenaient à réaliser l’exploit de faire le tour de la planète sur leurs engins volants, en solitaire qui plus est, le spécialiste des systèmes embarqués de Thomas Coville assure par ailleurs que le record, en solitaire et en équipage, pourrait bien tomber : « On vise 40 à 50 jours. Si les nouveaux bateaux volants n’ont encore jamais effectué de tour du monde complet, avec quelques trophées Jules Verne avortés dont une tentative pour Sodebo, théoriquement, on peut voir le record en solitaire tomber, voire même celui en équipage ». Et pour cela, le défi technique s’annonce à la hauteur du challenge sportif et humain, tant fiabilité et résistance seront au coeur de la performance.
L’équipe technique au coeur du Challenge
« Le défi s’annonce très engagé, pour les skippers évidemment, mais aussi pour les équipes, explique ainsi Fred. Ce sera une vraie course à la fiabilité. Les bateaux restent des bijoux de technologie relativement compliqués, il faut donc imaginer tout ce qui peut arriver en mer et comment y palier. Cela implique un important travail de projection et d’anticipation, des problèmes et de leurs solutions. C’est un peu comme un Vendée Globe : un jour, un souci. Si tout a été bien préparés en amont, les soucis devraient être rapidement résolus, sans altérer les performances du bateau ni la sérénité du marin. » L’enjeu est donc de taille pour le Team Sodebo, dont le skipper Thomas Coville fut un des acteurs ayant le plus porté ce projet de course autour du monde en solitaire. Celui qui aura le plus d’expérience dans la discipline du solitaire, aussi. Un atout certain au moment d’aborder ce défi inédit ! « On ne cache pas notre objectif qui reste la victoire. D’abord en bouclant la boucle, en évitant les arrêts techniques, et en terminant devant les autres. » Les ambitions sont donc claires et assumées, avec des moyens mis en oeuvre pour les respecter. « Depuis la remise à l’eau au retour de la Transat, nous avons enchaîné les navigations techniques en équipage, précise Fred. La performance ayant été étudiée et travaillée pendant la traversée en double, la configuration la plus proche du solitaire, dans un timing aussi court, l’accent a vraiment été mis sur la fiabilité. Pour ma part, je ferai partie de la cellule performance pendant le tour du monde, afin de faire le lien entre stratégie météo et situation sur l’eau. J’apporterai un peu l’oeil du marin, pour nous assurer que tout est bien clair, ne laisser aucune place à l’interprétation, tout en vérifiant que les réglages correspondent aux polaires, que nous sommes dans les bonnes target. Ce sera un exercice très riche pour mon projet Class40 que d’être ainsi en suivi permanent, d’utiliser les outils météo avec les routeurs chevronnés que sont Dominic Vittet, Philippe Legros et Will Oxley. Cela me permettra aussi de voir leur méthodologie avec des outils qui évoluent en permanence. Ce sera une bonne formation ! »