À Brest, le 7 janvier 2023, s’élançaient les six concurrents de l’Arkéa Ultim Challenge Brest. Après deux semaines de course, les leaders ont franchi le premier des trois grands caps de la planète, celui de Bonne-Espérance. Au passage de l’Afrique du Sud, Thomas Coville et Sodebo Ultim 3 pointent à la 2ᵉ place, une belle position obtenue non sans efforts et tracas ! Immergé jour et nuit dans la cellule routage de Sodebo, Frédéric Denis dresse un état des lieux du premier tiers de la course.
« Le départ de Brest a été génial : on a eu du beau temps, 8 à 10 nœuds de vent, et le tout au portant. Des conditions inespérées à cette période de l’année, avec du coup beaucoup de monde sur l’eau ce qui était super sympa ! Le départ de Thomas n’a pas été le meilleur, mais il est vite revenu au contact avec les copains, donc l’équipe était très satisfaite.
S’en est suivi ensuite une longue descente au portant puis le passage d’une dorsale au large du Portugal et le contournement de l’anticyclone, qu’on a plutôt bien géré et qui permet à l’Ultim Sodebo de passer en tête à Madère ! Pour l’équipe, c’est très positif de voir les performances du bateau dans ces conditions !
Ensuite, le gros morceau, c’était le passage de front à l’Ouest des Canaries ! À ce jeu-là, SVR-Lazartigue et le Maxi Edmond de Rothschild s’en sont mieux sorti.
On a fait le choix d’une trajectoire plus Sud, plus conservatrice du bateau en vue de la longue route restante
À ce moment-là, Sodebo Ultim 3 est troisième à environ quinze milles du leader.
Le passage du front était assez virulent, la manœuvre a pris du temps et on a perdu pas mal de distance sur les deux leaders, qui sont ressortis avec un meilleur angle de vent et plus d’air. On se retrouve alors au coude à coude avec Banque Populaire XI (jusqu’à son escale technique au Brésil).
Les deux leaders enchainent avec un Pot-au-Noir moins actif. Résultat, la distance entre eux et nous passe alors de 40 après le front à quasiment 500 milles dans l’Atlantique Sud !
Dans l’Atlantique Sud, on bénéficie de bonnes conditions qui nous permettent de regagner du terrain. On est en avant de la même ligne de front que le duo de leaders, même si on est plus à l’Est qu’eux. C’est là qu’arrive notre avarie du système de descente de foil tribord. Ce n’est pas une avarie majeure, mais c’est handicapant, le bateau n’est plus à 100% de son potentiel.
À l’approche du Cap de Bonne Espérance, on se fait malheureusement rattraper par le système météo. C’est aussi à ce moment que SVR-Lazartigue tape dans un OFNI. Nous passons alors en deuxième position, pendant que Charles Caudrelier s’échappe seul dans des conditions très bonnes pour lui ! Il doit aussi avoir son lot de problèmes techniques mais il déroule vraiment très bien son jeu.
Côté Sodebo en revanche, on bute sur le front qui est en arrière du système du Maxi Edmond de Rothschild, et on est obligés de se déplacer à la même vitesse que ce système. Au final, nous sommes deuxièmes à 1 300 milles derrière le leader, et avec a à peu près la même avance sur le Maxi Banque Populaire XI et Actual derrière. Ces deux bateaux butent en effet actuellement sur un anticyclone avec des vents faibles, mais ils vont accélérer dans la journée et rattraper un peu leur retard dans les 2-3 jours à venir.
De notre côté, nous avons des solutions et nous espérons retrouver 100% du potentiel du bateau, on en saura plus dans les 48 prochaines heures. On va avoir une traversée de l’océan Indien compliquée, car on va subir les restes du cyclone Belal, passé sur La Réunion il y a quelques jours. On va devoir adapter notre route pour ne pas aller dans du vent trop fort. Le prochain Cap sera au Sud de l’Australie avec le Cap Leeuwin, qu’on devrait atteindre autour du 28 janvier.
De mon côté, c’est ultra formateur de faire partie de cette cellule routage aux côtés de Philippe Legros, Dominic Vittet et Will Oxley ! C’est rare de pouvoir passer autant de temps à décortiquer les systèmes météo avec des spécialistes de la météo aussi expérimentés. La météo, l’analyse et la performance sont les éléments clés de la réussite d’un projet, ce sont un peu les travaux pratiques à grande échelle ! J’en profite donc pour faire le plein d’enseignements ! »